Abstract

Le terme de mise en re-présentation théâtrale s’associe, au sein de l’énoncé métaphorique, au terme de résurrection, c’est-à-dire à l’idée d’un retour à la vie sur une scène de théâtre, en effectuant un déplacement dans une extension de sens. Le sujet est spectaculairement comme re-présenté, comme présenté à nouveau. La représentation originaire du sujet théâtral s’abreuve ainsi aux forces vives d’un réel scénique empreint de vide bétonné que nous associons à la mort et dont nous faisons référence dans la mise en scène de Thomas Ostermeier en Avignon pour « Woyzeck » de Georg Büchner. Tout un mélange chaotique exposé en scène annonce l’alchimie de la persona, approchant ainsi le sens théâtral des mots « personnage » et « masque » venue se re-présenter au monde, elle-même en abîme du sujet inspiré, qu’un coup de théâtre veut faire paraître. Il est donc question d’apercevoir un conflit entre l’immuable tombeau bétonné bâti à même le sol de la Cour d’Honneur du Palais des Papes en Avignon et la mise en représentation de ses natures vivantes et instables portées par Woyzeck. Nous devons penser l’artefact d’une fabrique théâtrale dont la représentation du travail en train de se faire est le mouvement même de la mise en re-présentation du sujet, c’est-à-dire sa mise en vie sur une scène de théâtre. Que re-présentation soit associée à résurrection engage la pensée dans un univers forcément fantastique. Le terme de résurrection incarne l’identité sémantique ; c’est grâce à lui qu’on accède au sens. La métaphore multiplie les images qui à elles seules font évènement. Une étape se fait jour, celle d’un sujet au sein duquel se réactivent toutes les forces vitales archaïques, afin de les communiquer au théâtre pour qu’il se sépare du vide qui l’habite et en fasse un commencement d’être.