Abstract
Autonomia artei presupune ca arta să fie un domeniu perfect închis, net distins de restul activităţilor umane. John Dewey este unul dintre primii care au respins ideea că arta este o entitate cu proprietăţi intrinseci, insensibilă la mediul instituţional, cultural, social şi care au considerat-o ca fiind în mod fundamental eteronomă.
Abstract
L’autonomie de l’art suppose que celui-ci soit un domaine parfaitement clos, nettement distinct du reste des activités humaines. D’emblée, cela semble problématique, notamment parce qu’il n’est plus évident, depuis les années 1960, de distinguer ce qui ne relève pas de l’art, partant du principe que les limites entre les arts – et par voie de conséquence entre l’art et la vie – « s’effrangent » (Adorno), voire, selon Thierry de Duve, ont tout simplement éclaté suite à la réception d’un message envoyé par Duchamp : puisque tout le monde peut être artiste – artiste « en général » – alors on peut faire de l’art avec n’importe quoi. John Dewey est l’un des premiers à rejeter l’idée que l’art est une entité aux propriétés intrinsèques, insensible de droit à son environnement institutionnel, culturel, social et à le considérer comme fondamentalement hétéronome : l’art serait est un organisme vivant en interaction avec la vie et son expérience.
Pour Adorno, la présence de l’art au monde est ambiguë, cette ambiguïté (Doppelcharakter der Kunst) est due au fait qu’il est à la fois autonome et fait social, participant à la réalité empirique tout en s’en détachant : « l’œuvre d’art est rebelle par sa structure même, toute réconciliation avec le monde qu’elle dépeint est inimaginable. » Le souci est constant, chez Adorno, de sauvegarder l’autonomie de l’art – la distance qui le sépare de la réalité empirique – tout en conservant son aspect social ; l’enjeu est de sauver, complémentairement, et cette autonomie et cet ancrage dans la culture. Aussi cette exigence détermine-t-elle la position d’Adorno vis-à-vis de l’art engagé : l’art doit exclure par principe toute forme d’engagement, car le didactisme, l’intolérance, le pragmatisme place toute création engagée aux antipodes de l’art véritable auquel il suffit d’exister pour être révolutionnaire ; sa seule présence, désintéressée, est déjà une critique de la société. Cependant pour Adorno, l’art n’est pas une fuite hors du monde, une consolation pour les « esprits graves » (Nietzsche) ou une « douce narcose » (Freud). Il est une « critique de la société par sa simple présence (…) son caractère social est la négation déterminée de la société déterminée », en d’autres termes sa fonction sociale est paradoxalement une absence de fonction, car s’est en se différenciant de la réalité empirique que les œuvres expriment, de manière négative, la promesse d’un monde autre.