fr LA LITTÉRATURE PLAISANTE FACE À LA CENSURE : LE CHASSE-ENNUY DE LOUIS GARON ET LA RÉSERVE DE TOUT DIRE
  • BĂRBUNȚĂ,  Cătălin
    Université «Vasile Alecsandri », Bacău
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Abstract

Through their sometimes-obscene themes and irreverent language, jesting literature in general, and the facétie, in particular, belong to a literary category targeted by authors and public institutions aiming to impose a certain level of respectability on any text accessible to the general public, in line with decency and Christian principles. The numerous attempts to censor various collections of jests and tales that exceed these imposed boundaries have proven quite successful; however, when analysing the way that the tales of the Decameron and the humorous anecdotes of Chasse-ennuy address jesting, even facetious themes, it is not difficult to notice a shift in style. While Boccaccio openly criticizes monks, for example, depicting them in the most scandalous roles, Garon, almost three centuries later, adopts a more restrained, often implicit critique.
To highlight the elements that contributed to this stylistic transition concerning less respectable themes, characteristic of jesting literature, the literary analysis method provided by the New Historicist approach seems most suitable: by taking into account the context in which these texts were published, this article aims to reveal the socio-historical aspects that contributed to Chasse-ennuy's less audacious approach compared to its literary predecessors, such as the Liber Facetiarum and the Decameron.
 

Abstract

A travers leurs thèmes parfois obscènes et leur langage peu révérencieux, la littérature plaisante, en général, et la facétie, en particulier, font partie d’une catégorie littéraire ciblée par les auteurs et les institutions publiques cherchant à imposer un certain degré de respectabilité à tout texte destiné au grand public, en accord avec les normes de bienséance et les préceptes chrétiens. Les nombreuses tentatives de censurer les recueils de facéties et de nouvelles ayant dépassé les limites imposées s’avèrent être un véritable succès ; cependant, en analysant la manière dans laquelle les nouvelles du Décaméron et les anecdotes plaisantes du Chasse-ennuy abordent des thèmes à caractère divertissant, voire facétieux, il n’est pas difficile de remarquer un changement au niveau du style. Si Boccace se permet de critiquer avidement les moines, par exemple, en les mettant dans les hypostases les plus scandaleuses, Garon, presque trois siècles plus tard, adopte une critique réservée, souvent implicite.

  Pour mettre en exergue les éléments qui ont contribué à cette transition stylistique au niveau des thèmes moins dignes, spécifiques à la littérature plaisante, la méthode d’analyse littéraire fournie par le courant néo-historiciste semble la plus appropriée : en prenant en considération le contexte de parution des textes qui nous intéressent, notre article se propose de révéler les aspects socio-historiques ayant encouragé l’approche moins audacieuse du Chasse-ennuy par rapport à ses prédécesseurs littéraires, tels que le Liber facetiarum et le Décaméron.