fr « QUELQU’UN QUI PENSE À ELLE SUR LA TERRE » : CHATEAUBRIAND ET LE CULTE DES MORTS
  • Malinconico,  Emma
    Università degli studi di Macerata
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Abstract

This research aims to establish a correspondence between Chateaubriand’s theoretical conception of the cult of the dead and what he actually did during his life taking care of the burials of people close to him, conveying to others the memory of those who died and may not have anyone taking care of their soul, but also by praying on the tombs of people whom he had not known when they were alive but whose death had, in some way, aroused in him a form of pity. To this purpose, several passages from taken only from the Génie du Christianisme, the Mémoires d'outre-tombe and the Correspondance générale were examined, in order to delimit this research to Chateaubriand’s personal sphere excluding the purely literary dimension constituted by political and fictional works.

From the texts examined, it emerges that the recurring problem of the absence of a proper burial or the desecration of tombs is strictly joined to the idea of memory, here implied as keeping alive the memory of those who have passed away. Also, the influence of the death of some members of his family and the author sensitivity towards the cult of the dead plays an increasingly unavoidable role in Chateaubriand’s writings and actions. Therefore, the dualism burial - memory and the correlated problems lead Chateaubriand to give to some dead people what we here call a "metaphorical burial" which performs the function of a proper burial when it had not been possible to give one to the deceased person. Finally, it will be analyzed how the intention on the part of Chateaubriand to dedicate himself to the cult of the dead brings him in a more or less unconscious way to leave also a trace behind and which would remain after his own death: commemorating the others, he also transmits the memory of himself.

Abstract

Cette recherche a pour but d’établir une correspondance entre la conception théorique de Chateaubriand du culte des morts et ce qu’il a fait effectivement au cours de sa vie, notamment en ayant soin des sépultures de ses proches, en transmettant aux autres le souvenir de ceux qui sont morts et qui pourraient ne pas avoir quelqu’un qui ait soin de leurs âmes, mais aussi en allant prier sur les tombes de personnes qu’il n’avait pas connues quand elles étaient en vie et dont la mort avait, d’une certaine manière, suscité en lui une forme de pitié. A cet effet, on a principalement pris en considération quelques passages tirés du Génie du Christianisme, des Mémoires d’outre-tombe et de la Correspondance générale, circonscrivant cette recherche à la sphère personnelle de l’auteur en excluant la dimension purement littéraire constituée par les œuvres politiques et de fiction.

Les textes examinés montrent que la problématique récurrente de l’absence d’une sépulture digne ou de la profanation d’une tombe s’unit à l’idée de mémoire, ici envisagée comme l’acte de garder le souvenir de ceux qui sont morts. Aussi, l’influence du décès de certains membres de sa famille et la sensibilité de l’auteur envers le culte des morts joue de plus en plus un rôle incontournable dans la conduite et dans les écrits de Chateaubriand. Par ailleurs, le dualisme sépulture - mémoire par rapport à celui qui est mort et les problématiques qui y sont liées amènent Chateaubriand à donner à certains défunts ce que nous appelons ici une "sépulture métaphorique" qui accomplit à la tâche d’une sépulture adéquate là où il n’avait pas été possible de donner à la personne décédée un enterrement approprié. Enfin, nous analyserons comment la volonté de Chateaubriand de se dédier au culte des morts l’amène, de manière plus ou moins consciente, à laisser une marque de soi-même survivante à sa propre mort : en commémorant les autres, il transmet aussi la mémoire de sa propre existence.