fr CHARLES SOREL ET LE PARADOXE DU TRAITEMENT DES MALADIES DE L’AME PAR LA FACETIE
  • ROSELLINI,  Michèle
    IHRIM-ENS de Lyon
Abstract

In the first part of his career (1623-1634) Sorel paradoxically illustrates the therapeutic potential of facetiousness. If good tricks and good words target the deviant characters of his two comic novels (Histoire comique de Francion and Le Berger extravagant), it is certainly to cure them of their errors and illusions. It also has a social aim since the correction of individuals is necessary for the remediation of society. Sorel takes this issue seriously enough to abandon fictional and comic writing in favor of an encyclopedic project of collection and dissemination of knowledge that he calls Universal Science. It is through access to knowledge and the exercise of reason that his readers are invited to contribute to the improvement of society and, ultimately, of humanity. But the conviction of the physiological basis of the mind operations and the soul dispositions leads the facetious writer, Sorel, to draw on the resources of derision and mockery to provoke his readers and to draw them out of their moral and intellectual apathy. A continuity appears in the transition from the comic to the serious genre, thus revealing the anthropological foundation of therapeutic laughter.

Abstract

Dans la première partie de sa carrière (1623-1634) Sorel illustre de manière paradoxale les potentialités thérapeutiques de la facétie. Si les bons tours et les bons mots visent les personnages déviants de ses deux romans comiques (l’Histoire comique de Francion et Le Berger extravagant), c’est assurément pour les guérir de leurs erreurs et de leurs illusions, mais dans le but social d’une correction des individus nécessaire à la remédiation de la société. Sorel prend cet enjeu suffisamment au sérieux pour délaisser le genre d’écrire fictionnel et comique au profit d’un projet encyclopédique de collecte et de diffusion des connaissances qu’il intitule La Science universelle. C’est par l’accès au savoir et à l’exercice de la raison que ses lecteurs sont invités à contribuer à la mélioration de la société voire, à terme, de l’humanité. Mais la conviction du fondement physiologique des opérations de l’esprit et des dispositions de l’âme conduit l’écrivain facétieux qu’est Sorel à puiser dans les ressources de la dérision et de la raillerie pour provoquer ses lecteurs et les tirer de leur apathie morale et intellectuelle. Une continuité apparaît dans le passage du genre comique au genre sérieux, qui révèle, par ricochet, le fondement anthropologique du rire thérapeutique.