fr LES ELOGES PARADOXAUX DE LA GOUTTE : RIRE, A DEFAUT DE GUERIR ?
  • CORREARD,  Nicolas
    Nantes Université, UR 4276 LAMo / délégation USR 3608 La République des Savoirs, ENS-PSL
Abstract

Gout, a joint pathology from which many humanists have suffered, constitutes a privileged subject of the epideictic rhetoric of paradoxical praise. We consider the corpus in its entirety, from the formation of recurring topics in this exercise to the numerous imitations of Pirckheimer's Podagræ laus (1522). We can praise this illness because it spares the mind and pushes it to detach itself from the body, because it encourages a moderate use of pleasures, or even because its ills are relative compared to others. The arguments can be serious and the tone preachy. However, it is indeed a matter of joking: the paradoxical humor entertains, if not healing, and the satire which insinuates itself into the eulogy allows us to have fun with the moral inclinations of the dedicatees, to denounce false goods, or yet to dispel the illusion of medical knowledge. Laughter constitutes a sharp instrument of lucidity, a salty and spicy condiment to the bread of daily pain. Paradoxical praise, gout (disease), Pirckheimer, satire, medical skepticism.

Abstract

La goutte, pathologie articulaire dont beaucoup d’humanistes ont souffert, constitue un sujet privilégié de la rhétorique épidictique de l’éloge paradoxal. Nous considérons le corpus dans sa quasi-intégralité, de la formation des topiques récurrentes dans cet exercice jusqu’aux nombreuses imitations de la Podagræ laus de Pirckheimer (1522). On peut louer cette maladie parce qu’elle épargne l’esprit et le pousse à se détacher du corps, parce qu’elle incite à un usage modéré des plaisirs, ou encore parce que ses maux sont relatifs comparés à d’autres. Les arguments peuvent être sérieux et la tonalité sermonnaire. Pourtant, il s’agit bien de plaisanter : l’humour paradoxal divertit, à défaut de guérir, et la satire qui s’insinue dans l’éloge permet de s’amuser des velléités morales des dédicataires, de dénoncer les faux biens, ou encore de dissiper l’illusion d’un savoir médical. Le rire constitue un instrument de lucidité aiguisé, un condiment salé et piquant du pain de la douleur quotidienne.