fr LE COQ-À-L’ÂNE THÉRAPEUTIQUE, OU LA GÉLODACRYE MAROTIQUE
  • HUDSON,  Robert J.
    Brigham Young University
Abstract

In Spring 1530, Clément Marot inaugurated a new poetic form with the coq-à-l’âne epistle. Initially imagined as a mere amusing pastime to share with his best friend Lyon Jamet, this imagined exchange of non-linear and satirical missives on the latest news of the day would grow in importance – particularly after the Affair of the Placards in October 1534 would send both friends into exile. A year later, now banished from Ferrara and once again separated outside of the kingdom, Marot would take up the pen anew in Venice to compose more coq-à-l’âne epistles. However, these epistles, written over the summer and autumn of 1535, bear record to sadness, to homesickness, to anger and to a lack of friendship that are mitigated by the very act of writing. In this way, the coq-à-l’âne becomes a form of therapy for Marot, in which he adopts the pathos of gelodacria (or joco-seriosus), the paradoxical posture of the poet who laughs as he cries or who suffers joyously (which would make Marot a type of Triboulet in exile – another figure who appears in the coq-à-l’âne). This essay analyses the five coq-à-l’âne epistles attributed to Marot in order to demonstrate to what degree this poetic form allows the poet to minimize his suffering mimetically and offer himself solace through a friendly exchange.

Abstract

Au printemps 1530, Clément Marot aurait conçu une nouvelle forme poétique : l’épître du coq-à-l’âne. Imaginé comme un passe-temps facétieux auquel il se consacre avec son meilleur ami Lyon Jamet, l’échange imaginé d’épîtres non linéaires et satiriques sur l’actualité la plus récente prend de l’ampleur – surtout après l’affaire des placards d’octobre 1534, qui finit par les chasser tous les deux hors de France. Un an plus tard, bannis cette fois-ci de Ferrare et de nouveau séparés dans leur exil, Marot reprend la plume à Venise pour écrire d’autres coq-à-l’âne. Néanmoins, ces épîtres, écrites au cours de l’été et de l’automne 1535, témoignent d’une tristesse, d’un dépaysement, d’une colère et d’un manque d’amitié qui sont mitigés par leur rédaction même. En ce sens, l’épître du coq-à-l’âne devient une forme de thérapie pour Marot, dans laquelle il emprunte le pathos de la gélodacrye (ou du joco-seriosus), la posture paradoxale du poète qui rit en pleurs ou qui souffre joyeusement (faisant de Marot une sorte de Triboulet en exil – personnage qui apparaît dans les coq-à-l’âne). L’analyse dans cet essai des cinq épîtres du coq-à-l’âne attribuées à Marot montre à quel point cette forme permet au poète de minimiser sa souffrance d’une façon mimétique et de se soulager auprès de son ami.