The constitutive multicodicity of cinema naturally influences its inscription in temporality, which is heterogenous, fragmentary and problematic even in the most mundane cases. The lack of unmediated materiality which defines temporal categories stands in sharp contrast with the materiality and immanence of images, those two characteristics leading to the impossibility of ascribing a temporal value other than that of the present. But being confined to the present has potentially encouraged filmmakers to seek out artistic and technical means to “manipulate” (in the good sense of the word) the temporal representations of the viewers in order to create the sentiment of escaping the present and of moving across chronological boundaries. More than in other artistic medium, the perception of past and future is a carefully crafted artifact, the intention of the author working on different levels. Our paper sets out to highlight the different temporal categories with which film operates and some of the main devices for creating temporal depth, with a particular emphasis on the narrative technique of the flash-back.
La multicodicité constitutive du cinéma se reporte également sur son inscription dans la temporalité, qui s’avère être, même dans les cas les plus anodins, hétérogène, fragmentaire, problématique. L’absence de matérialité propre, non-médiée, des catégories temporelles entre en contradiction avec la matérialité et l’immanence de l’image, ces deux particularités débouchant sur le constat le plus communément accepté dans la théorie de l’image, à savoir son impossibilité de rendre une valeur temporelle autre que celle du présent. Mais c’est peut-être justement cette condamnation au présent qui a poussé les cinéastes à chercher par tous les moyens dont ils disposaient (artistiques et techniques) à manipuler (au sens positif du mot) les représentations temporelles du spectateur de manière à lui créer l’illusion d’évasion du présent et de déplacement dans tous les sens sur l’axe chronologique. Dans le cinéma, davantage que dans tout autre domaine artistique, la perception du passé et de l’avenir est un artifice construit attentivement, l’intention auctoriale agissant à différents niveaux. Notre article se propose de mettre en évidence les diverses catégories temporelles impliquées dans la création cinématographique, en insistant sur quelques modalités récurrentes de construction de l’illusion de profondeur temporelle, notamment sur le flash-back.