Story in verses of Picardy origin, preserved in two manuscripts from the 14th century, Le Roman du Castelain de Couci et de la Dame de Fayel is part of a larger corpus of texts centered around an adulterous relationship that a jealous husband cruelly chastises by a cardiophage meal. However, if the Franco-Provençal corpus consists of several brief narratives dating from the 13th century, prior to the novel (The Lai of Ignaure, the vidas and the razós of the troubadour Guillem de Cabestany), only the novel, which also proposes the courteous version of this story, presents the love tokens exchange between the lovers. Our analysis will focus initially on these gifts and their symbolical functions: the letters exchanged by the lovers, literary objects valued in courteous literature in the 12th-13th centuries, as well as a sleeve and braids that the lady offers to the knight before his departure in crusade; finally, a coffer sent by the latter to his lady, which contains a letter and the lover’s heart, extracted just after his death by the valet. In the second part of our study, we have emphasized the influence of this literary motif on medieval sensitivities, given the success that it enjoyed in medieval iconography until the 15th century. Indeed, in the area of diffusion of this novel - namely the North and East of the Kingdom of France, Flanders, as well as the Parisian region and the Rhine Valley - the gift of the heart was represented in particular on objects such as mirrors in ivory or the caskets, objects clearly connected to the feminine universe, but also on the tapestry.
Récit en vers d’origine picarde, conservé dans deux manuscrits du XIVe siècle, Le Roman du Castelain de Couci et de la Dame de Fayel fait partie d’un corpus plus vaste de textes centrés autour d’une relation adultère qu’un mari jaloux châtie d’une manière cruelle par un repas cardiophage. Pourtant, si le corpus franco-provençal est constitué de plusieurs récits brefs datant du XIIIe siècle, antérieurs au roman (Le Lai d’Ignaure, les vidas et les razós du troubadour Guilhem de Cabestaing), seul le roman, qui propose aussi la version courtoise de cette histoire, fait place aux gages d’amour que les amants échangent. Notre analyse visera dans un premier temps ces dons et leurs fonctions symboliques : les lettres échangées par les amants, objets littéraires valorisés dans la littérature courtoise aux XIIe-XIIIe siècle, tout comme une manche et des tresses que la dame offre au chevalier lors de son départ en croisade ; enfin, un coffret envoyé par ce dernier à sa dame, qui contient une lettre et surtout le cœur de l’amant, extrait juste après sa mort par le valet. Dans le second volet de notre étude, nous avons souligné l’influence de ce motif littéraire sur les sensibilités médiévales, vu la fortune dont il a joui dans l’iconographie médiévale jusqu’au XVe siècle. En effet, dans l’aire de diffusion de ce roman - à savoir le Nord et l’Est du royaume de France, les Flandres, autant que la région parisienne et la vallée du Rhin - le « don du cœur » fut représenté notamment sur des objets tels que les miroirs en ivoire, les coffrets, les plaquettes, objets rattachés de manière évidente à l’univers féminin, mais aussi sur la tapisserie.