fr DISSOLUTION IDENTITAIRE ET RÉIFICATION DU CORPS DANS LE THÉÂTRE D’EUGÈNE IONESCO
  • Bălăiță,  Raluca
    Université « Vasile Alecsandri » de Bacău, Roumanie
Abstract

The place where man’s identity is inscribed, the body constantly undergoes transfigurations that reshape the individual’s relationship with the world. The characters of Ionesco are in crisis (Robert Abirached), their identity dissolution being in fact a consequence of the disorders of their bodily integrity. Identity is reduced to the body, but this body is damaged, weakened, fragmented, crippled, mutilated, animalized, reified, mechanized. In this way, man integrates and submits to the object system, feels “objectified, reified by the objects that surround him” (Ionesco), having no control over himself or over the things that seem to be dominated by it. On the stage, the props, the decor and the bodies of the characters merge and even become interchangeable. Sick bodies, aged bodies, rotten bodies, puppet bodies, metamorphosed bodies or the dead bodies of the characters proliferate on the stage and are assimilate to objects, burying all humanity itself. This process of reification of the body is a subject to the law of Time, of a destructive time, "accomplice of evil" (Paul Vernois), seen as the enemy of the immutable identity of man, leading him definitively towards agony and death. The loss of humanity leads to an objectification of the body, so that the characters acquire a different dimension which places them between the organic and the mechanical.

Abstract

Lieu d’inscription de l’identité de l’homme, le corps subit constamment des transformations qui modifient le rapport de l’individu au monde. Les personnages de Ionesco sont en crise (Robert Abirached), leur dissolution identitaire étant en fait une conséquence des troubles de leur intégrité corporelle. L’identité se trouve réduite au corps, mais ce corps est dégradé, affaibli, fragmenté, infirme, mutilé, animalisé, réifié, mécanisé. De cette façon, l’homme s’intègre et se soumet au système objectal, se sent « chosifié, réifié par les objets qui l’entourent » (Ionesco), n’ayant aucun contrôle sur lui-même ou sur les choses qui semblent le dominer. Sur l’espace scénique les accessoires, le décor et les corps des personnages fusionnent et deviennent même interchangeables. Les corps malades, les corps vieillis, les corps pourris, les corps marionnettisés, les corps métamorphosés ou les corps morts des personnages prolifèrent sur la scène et s’assimilent aux objets, en ensevelissant toute humanité. Ce processus de réification du corps est soumis à la loi du Temps, d’un temps destructeur, « complice du mal » (Paul Vernois), vu comme l’ennemi de l’identité immuable de l’homme, l’entraînant définitivement vers l’agonie et la mort. La perte de l’humanité conduit à une objectivation du corps, de sorte que les personnages acquièrent une autre dimension qui les situe entre l’organique et le mécanique.