Dans la Correspondance de Marie de Sévigné, on trouve des « chroniques » de maladies longues et douloureuses, écrites, paradoxalement, sur un ton comique. Elles visent d’abord rassurer les correspondants. Mais le rire partagé a aussi une fonction réconfortante, et peut-être curative pour la malade. En effet, d’une part, elle reprend la maîtrise de l’image de soi dégradée par la maladie en pratiquant l’autodérision ; d’autre part elle neutralise la douleur et l’inquiétude en créant une sorte de théâtre comique où les médecins, l’entourage, les symptômes deviennent des personnages risibles ; enfin elle sollicite le secours de la communauté épistolaire par le partage du rire. Ainsi le rire est un processus de mise à distance qui permet au sujet écrivant de refuser d’être réduit à son corps.