Abstract

Le rire, souligne Jacques Le Goff, est un phénomène culturel qui n'est pas le même selon les sociétés. Au Moyen Âge, le rire est lié au souffle, à la folie, à la parole et à des temps bien définis dans le calendrier. Il est libéré dans les temps du Carnaval mais condamné par certaines règles monastiques.

Dans la littérature européenne des XIIème et XIIème siècles, le rire du prophète Merlin se joue du temps pendant que les faux médecins des fabliaux érotiques font rire et guérissent contre toute attente. Un épisode dit de «la Demoiselle qui n’a jamais ri» dans le Conte du Graal (Chrétien de Troyes) présente lui une autre forme de rire ; un rire prophylactique que Perceval provoque et qui permet à la demoiselle de guérir. La question du rire est ici essentielle car la guérison du mutisme est provoquée par un rire inattendu et est suivie d’une prédiction par la jeune femme jusqu’à présent muette. Cet épisode présente un Perceval thaumaturge, loin de l’image du chevalier niais (nice) du début du conte. Pour comprendre ce rire, nous nous appuierons sur les symboles, le folklore et les mythes, piliers de l’imaginaire, afin de mettre en évidence les secrets de la relation entre rire et médecine, entre sources populaires et savantes.