Abstract
Le mot « mistificator » (mystificateur), entré plus récemment dans le vocabulaire de la langue roumaine, désigne une personne qui « contrefait la vérité »
[1]. La définition que nous venons d’énoncer ne fait pourtant aucune mention aux raisons qui se trouvent à l’origine de ce type de comportement. Il sera donc nécessaire de retourner à l’étymologie du mot, dans l’espoir d’apporter un peu plus de lumière sur certains aspects évidents du trompeur, que la définition fournie par
Dicţionarul Limbii Române (
Le Dictionnaire de la langue roumaine) a préféré cacher ou tout simplement oublier. L’étymon français « mystificateur », dérivé à son tour du gr.
mustês (initié aux mystères), désigne également un être trompeur
[2]Néanmoins, la définition ajoute quelques précisions supplémentaires concernant les modalités d’action et le but visé par la personne qui choisit la duplicité et la dis(simulation) comme expressions de sa manière d’être au monde (« en abusant de la crédulité des autres pour s’amuser »). Elle ne réussit pas, pour autant, à nous convaincre qu’elle évoque la seule acception du mystificateur et de ses actes. La conduite du trompeur s’avère être ludique, défensive, égoïste, inconstante, mais, en égale mesure, inventive et révélatrice d’une vérité inattendue. Le mystificateur n’est pas seulement Protée, celui qui a le goût de la métamorphose, mais aussi Prométhée, celui qui n’hésite pas à se sacrifier pour le bien collectif. Parler, dans ces conditions, du héros mystificateur signifie comprendre d’emblée les raisons qui déterminent l’être humain à aimer la duplicité, à conter et à transmettre à l’infini l’histoire d’un héros hors du commun
[1] Dicţionarul Limbii Române, t.VI, Editura Academiei, Bucureşti, 1966.
[2] Alain Rey,
Dictionnaire histoire de la langue française, Paris, Le Robert, 1992, t. 2, p.1298.