fr AUTOFICTION, OBLIQUITÉ ET AUTRES «ÆNCRAGES» DANS LA REPRÉSENTATION DISCURSIVE DU MOI INTIM
  • Vălimăreanu,  Ela
Abstract
Cette étude portera sur la mise en acte des stratégies fondamentales que Georges Perec déploie dans son espace scripturaire afin de représenter des bribes de son intériorité meurtrie. L’écrivain n’a de cesse à biaiser avec la réalité par le truchement de ses nombreux artifices rhétoriques fondés essentiellement sur le jeu ambigu de cache-cache entre le réel et ses représentations, entre le vrai et le faux, la mémoire et le trou de mémoire,  pour construire ses remparts de mots face à la terreur de la confession. Georges Perec s’avère être le maître du déguisement et sa rencontre avec l’Histoire, qui lui a produit une mutilation du souvenir, est maîtrisée obliquement, par le détour de la fable et de l’humour  mais aussi par le blanc et  la case vide,  strictes codifications déployées pour la ré-écriture d’une autobiographie éclatée. Les techniques de travestissement et de détournement le mènent à développer une poétique du manque, du silence, du fragmentaire, matérialisation discursive de ses tropismes intérieurs. Pour la mise en fiction de sa subjectivité, Georges Perec procède à des variations autour du moi et à une ambivalence d’attitude tantôt ludique, tantôt dérisoire, dégagée ou détournée, pour faire une approche oblique de l’autobiographie, façon de travestir une blessure par la force de l’autofiction. Cette étude cherchera à parcourir les formes et les fonctions de la mémoire perecquienne, les sillages du souvenir, à partir de celui qui s’insinue sournoisement dans l’espace fictionnel jusqu’à celui qui, en quête d’une altérité, avance masqué, s’efface ou se dilue dans des non-dits. Œuvre protéiforme à l’esthétique déroutante et déguisée, inlassablement traversée par un auto-marquage encrypté, la création perecquienne, par le biais d’une mémoire qui se bricole sans cesse sous le signe du faux pris pour le vrai, se donne et se refuse à la fois, s’offre et se replie sur elle-même, s’accumule sans cesse ou se brise dans mille éclats et fêlures, pour dire de façon allusive, subtile et subversive, les «æncrages» et les lieux rhétorique de la mémoire du moi
Abstract
This study focuses on the fundamental strategies in Georges Perec’s literary representations of his aching inner self. The French writer relates himself to reality throughout rhetoric artifacts essentially based on the ambivalent hide-and-seek between the real world and its multiple-faced embodiment in writing, between the truth and the surrogate, between memory and void in order to build up a word fortress while facing the terror of confession. Writing a fragmentary autobiography throughout autofiction and self-reference, Georges Perec proves to be the master of disguise in the confrontation to the History that has painfully marked him with a mutilation of his memories.  Travesty and deviation techniques lead the writer to develop the poetics of absence, gap and silence along with fragmentary items as discursive devices for the expression of his inner tropisms. In order to fictionalise his subjectivity, Georges Perec uses numerous variations around the Self as well as an ambivalence of attitude that is sometimes playful and frivolous, sometimes disguised and dissimulated in order to create a subtle autobiographic approach hiding a wound by both derision and cancellation. This study will give an account of the forms and functions of Perecquian memory, beginning with the one that insinuates itself inside the fictional space to that in search of an alterity, a voice in disguise, fading away and silenced by gaps or unoccured things. Protean work displaying a continuously renewed memory under the sign of forgery and cunning counterfeit, Georges Perec’s writing offers and refuses itself, folds and unfolds, unceasingly accumulating or breaking itself up in thousands of tiny fragments in order to highlight, in an allusive, subtle and subversive way, ‘aenchorings’ (« aencrages ») and rhetoric devices of self-memory.