Abstract
La découverte de soi, la construction de l’identité personnelle par opposition à celle collective constitue un motif essentiel de l’œuvre makinienne. Pour mieux souligner cela, l’auteur choisit comme personnages des jeunes adolescents à l’âge de l’élaboration de soi selon différents modèles : familial, social, collectif ou bien au contraire, par la confrontation avec l’altérité.
Erik Erikson considère le stade de l’adolescence comme « une période de plus en plus marquée et consciente […] presque un mode existentiel entre l’enfance et l’âge adulte » . Les adolescents semblent être plus préoccupés par ce que les autres pensent d’eux, par ce qu’ils paraissent être aux yeux des autres que par ce qu’ils sont réellement. Il arrive souvent qu’une personne se définisse comme: je suis ce que les autres ne sont pas, c’est-à-dire par rapport à un ailleurs, à d’autres, pour que sa singularité ou sa spécificité, ce qui fait d’elle un être unique, puisse s’affirmer.
L’adolescence est en même temps la période où les jeux occupent une place importante. Ils permettent aux jeunes héros makiniens de socialiser, de dépasser ensemble des moments difficiles : les pionniers obligés à marcher vers un horizon radieux au rythme des tambours, en fredonnant des chants patriotiques ; les jeux paramilitaires qui formaient la jeunesse de demain de l’Union soviétique. Mais dans ses livres, le romancier illustre un autre type d’activité toute aussi sérieuse que ludique : la lecture. A la différence des jeux qui favorisent la socialisation, conçus sur l’imitation d’un certain comportement et sur le respect de certains principes, la lecture impose ses propres règles : la solitude, la disposition et l’exploration d’un univers inconnu rattaché, dans notre cas, à l’apprentissage d’une nouvelle langue. Elle se convertit en un moyen d’individuation qui favorise la différenciation. C’est ce que nous nous proposons de démontrer dans cet article.