Abstract
Dans son essai célèbre, L’Homme Unidimensionnel, Herbert Marcuse parlait de la plus rependue forme d’aliénation propre au « capitaliste tardif » : l’atrophie d’une des deux dimensions d’un être humain complètement humanisé : la capacité de contempler une réalité alternative qui transcende ce qui est donné et qui se présente comme un projet d’une réalité meilleure et plus belle, d’un monde plus habitable. Si l’homme contemporain se réduit à l’autre dimension, i.e. la capacité de s’adapter à la réalité existante, il se positionne plus proche de l’animalité que de l’humanité. La société de consommation nourrit le besoin de transcendance dans l’onirique et dans des besoins imaginaires, mais atrophie l’appétit des individus d’améliorer la réalité – y compris l’organisation sociale ; elle transforme les peuples de citoyens dans des masses de consommateurs. Dans cet article, nous proposons une explication épistémologique de la disparition du besoin de transcendance dans la culture postmoderne, ainsi qu’un moyen de récupérer la capacité de rêver activement, de promouvoir et d’entraîner le changement. L’homme complet vit, pense et rêve entre deux pôles existentiaux: Sein et Sollen, faute desquels il est impossible d’envisager l’ontologie régionale de l’humain, i.e. la spécificité de l’existence humaine : la capacité de transformer le « il doit être » ou le « il est possible d’être » en « il est ». Ainsi, l’être humain peut être défini selon Jean-Paul Sartre: « un homme-projet ». D’ici, une série de conséquences éducationnelles, inventoriées dans la dernière partie de l’article.
Abstract
In his famous essay, The One-Dimensional Man, Herbert Marcuse spoke of the most frequent form of alienation typical of the « late capitalism »: the atrophy of one of the two dimensions of a fully humanized human being: the capacity to imagine an alternative reality which transcends what is given and presents itself as a project of a better and shinier reality, of a more inhabitable world. If contemporary man confines himself to the other dimension, i.e. the capacity to adapt to the existing reality, he gets closer to animalism than to humanity. The consumer society nourishes the need for transcendence in the oneiric and in imaginary needs, but atrophies man’s appetite to improve reality – including social organization; it transforms peoples of citizens in masses of consumers. In this paper, we propose an epistemological explanation of the disappearance of the need for transcendence in post-modern culture as well as a way to recover the capacity of active dreaming, of promoting and triggering change. The complete man lives, thinks and dreams between two existential poles: Sein şi Sollen, in default of which it is impossible to think the regional ontology of the human, i.e. the particularity of human existence: the capacity to transform the “must be” and “it is likely to be” in “it is”. As such, human being may be defined as Jean-Paul Sartre put it: “a project-being”. From here, a series of educational consequences unfolds, inventoried in the last part of this paper.