en LE JEU DANS LE THÉÂTRE D’ALBERT CAMUS : POLYSÉMIE, POLYMORPHIE, ONTOLOGIE
  • Bastien,  Sophie
    COLLÈGE MILITAIRE ROYAL DU CANADA
Abstract
Si le jeu dans tous ses états se trouve amplement célébré chez Eugène Ionesco, selon la prémisse du présent volume, il l’est aussi, déjà, chez un écrivain dont les œuvres majeures précèdent de peu celles du célèbre dramaturge de l’Absurde : en l’occurrence, chez Albert Camus. À l’instar de Martin Esslin dans son ouvrage de référence qu’est devenu The Theatre of the Absurd (1961), nous percevons Camus comme un précurseur du Nouveau Théâtre. Mais notre perception se fonde sur d’autres motifs, qui s’ajoutent à ceux fournis par Esslin : alors que ce dernier renvoie au philosophe de l’absurde, qu’est Camus, et cite l’essai Le Mythe de Sisyphe (1942), nous nous référons davantage au dramaturge Camus, plus précisément à l’auteur de Caligula (1944). Car cette pièce exploite vigoureusement toute la polysémie de la notion de jeu et du champ lexical qui l’entoure. Sa visée profonde est de mettre en abîme, dans une structure dramatique souvent métathéâtrale, l’ontologie du jeu. Contiguë au concept d’absurde, celle-ci est présente sur le mode théorique dans Le Mythe de Sisyphe et sous-tendra la dramaturgie de la décennie subséquente – dont Ionesco est l’un des principaux représentants. De plus, elle servira, comme une corroboration, dans diverses disciplines des sciences humaines - chez des anthropologues, des sociologues, des psychanalystes, etc. - jusqu’à ressortir comme un véritable signe des temps.