Abstract
Que le théâtre soit inconcevable en l’absence d’un comédien, c’était une réalité indiscutable jusque dans les années cinquante. Responsable de l’incarnation du personnage, le corps du comédien était tantôt simple support du discours dramatique, de la parole théâtrale, tantôt lieu d’exhibition ou au contraire d’occultation de la chair. Plus ou moins fidèle aux didascalies, mimétisant le réel (théâtre naturaliste) ou par contre dépouillé du vivant pour acquérir les attributs de la marionnette (dans la mise en scène symboliste), le corps a toujours été un espace du travail spectaculaire en lien avec celui portant sur la parole.
Eu égard à la tendance du nouveau théâtre à l’autoreflexivité, le corps devient espace de l’expériment théâtral, du happening, de la mise en question du concept traditionnel de personnage, de réflexion sur son double spectaculaire. En glanant partout dans le champ spectaculaire les outils d’un ludant généreux, Tardieu nous invite à construire nous-mêmes un ludé comme discours métathéâtral. Il nous donne à voir les diverses hypostases de l’imaginaire corporel depuis la figure du crucifié, sorte de corps-relais (l’Epouvantail), en suivant l’évolution scénique du corps-matériau (La galerie), de ceux de Lui et Elle, corps voués à l’amour que la chorégraphie spectaculaire rend scéniquement (Les amants du métro), du corps souffrant (La consultation, La mort et le médecin) jusqu’au corps absent mais d’autant plus incitant pour l’imagination du spectateur (La serrure), etc.
Abstract
The fact that the theatre is inconceivable in the absence of a stage actor, it’s an indisputable reality till the fifties’ theatre. Responsible of the incarnation of the character, the comedian’s body was sometimes a simple support of the dramatic speech, of the theatrical voice, sometimes place of exhibition or, on the contrary, concealing the flesh. More or less faithful to the stage directions, imitating reality (naturalist drama ) or, on the contrary, stripped of reality to acquire the attributes of a puppet (in the setting of the symbolist stage), the body has always been an area of spectacular work in connection with the one concerning the way of stage speaking.
In what concerns the tendency of the new theatre in self-reflexivity, the body becomes the space of the theatrical experiment, of the happening and the questioning of the traditional concept of character, reflecting on his performing double.
Gleaning all over the spectacular field of the tools of a generous «ludant», Tardieu invites us to build ourselves a «ludé» as a metatheatrical speech. He gives us to see the various hypostases of the imaginary body from the figure of the crucified, a sort of body-relay (L’épouvantail), following the evolution on stage of the material body (La galerie), those of Lui and Elle, bodies dedicated to the love that the spectacular choreography makes scenically (Les amants du métro), of the suffering body (La consultation, La mort et le médecin), to the absent body but just as much incentive for the imagination of the spectator (La serrure), etc.