fr REPRÉSENTER LE CORPS FÉMININ VIOLENTÉ COMME CONTRE-NARRATION PERFORMATIVE. RAPE SCENE D’ANA MENDIETA ET DOLORES 10H TO 10H DE COCO FUSCO
  • Mélissa,  Simard
    UNIVERSITÉ LAVAL
Abstract
Notre article traite des fonctions du témoignage corporel au sein de la performance comme procédé contre-narratif. Nous procèderons ainsi à l’analyse d’œuvres alliant récit et la représentation performative d’une réalité extrême, plus particulièrement celle visant à dénoncer l’oppression féminine. Nous montrerons en quoi la performance se dresse comme un « dialogue agi » (Richard, 2014 : 59), souhaitant mettre en scène une parole corporelle ou verbale. Ce discours, inspiré du vécu d’autrui, permet de transmettre certains faits reliés à des conditions terribles : viol, meurtre et séquestration du corps féminin. La performance devient, en ce sens, une forme de prise en charge de l’horreur, un moyen de conscientiser le spectateur et d’entamer un certain dialogue. Dans Rape Scene, la performeure Ana Mendieta, se présente nue et ligotée pour parler de ces crimes invisibles dont souffre le corps intime féminin. Dans la performance Dolores 10h to 10h, l’artiste Coco Fusco décide de recréer le calvaire d’une travailleuse mexicaine de maquiladora ayant été victime d’abus de la part de son employeur. De telles actions performatives répondent au besoin de la victime (ou de l’artiste relatant la parole de la victime) de « donner sens » à l’expérience douloureuse et d’exercer une rationalisation discursive, voire une distanciation. (Danblon, 2007 : 56) La transmission des traces du passé permet à la personne déshumanisée de retrouver une identité par la parole ou le geste.