Abstract
Si l’étiquette « danse-théâtre » semble effrayer tant les créateurs que les critiques et les programmateurs, les quelques artistes qui s’en réclament de nos jours utilisent cette forme interdisciplinaire, voire indisciplinée, afin de démultiplier les possibles du discours théâtral et de donner une place de choix au corps dans la communication sensible qu’ils engagent avec les spectateurs. À travers des exemples tirés du spectacle Samedi Détente créé en 2014 par la chorégraphe Dorothée Munyaneza pour souligner les 20 ans du génocide rwandais, nous questionnerons les voies qu’emprunte le métissage des discours de la danse-théâtre ainsi que du conte et de la musique contemporaine. Nous verrons donc comment le corps dansant voyage entre l’interprète qui se présente comme tel et le personnage fictif, comment certaines qualités de la danse permettent au discours de s’incarner, ouvrant les sens du spectateur pour mieux le sensibiliser au propos. Nous verrons encore comment la prise de parole s’intègre dans le corps par un glissement progressif hors du conte, du mot énoncé et répété au mot chanté, voire dansé. Enfin, nous nous pencherons sur la musique contemporaine qui sert d’agent liant entre le théâtre, le conte et la danse, ajoutant ainsi une quatrième branche au discours. En bref, nous examinerons l’ampleur de l’impact émotif que ce tissage de formes de discours peut avoir sur la réception d’un message politique.