Abstract
L’un des motifs littéraires qui ont donné lieu à un grand nombre de versions, de l’Antiquité à l’époque moderne, est celui de la « femme de Putiphar ». Il s’agit de l’histoire présentée dans la Genèse (39,7), qui raconte comment l’épouse d’un homme important, le commandant des gardes de Pharaon, offre son amour à Joseph, le serviteur de son mari. Repoussée par celui-ci, elle essaie de se venger, en accusant Joseph d’avoir tenté de la séduire.
Ce motif, dont la fortune littéraire extraordinaire ne peut pas être résumée ici, a été également adopté dans la version roumaine du Roman des sept sages de Rome, connu sous le nom du Conte de Sindipa, le philosophe. Si nous nous y intéressons, c’est que son insertion dans la narration roumaine a été lourde de conséquences. Illustré au début du roman, ce motif biblique a influé dans la peinture de toutes les femmes évoquées par les philosophes qui tâchent de défendre le jeune prince. Cet acharnement singulier envers les personnages féminins, présentés comme des êtres mensongers, querelleux, caractérisés par une facilité pécheresse de la parole, invite à interroger les fonctions didactiques de ce motif et de ces caractères.