Abstract
Notre étude propose une thématisation de la présence discursive de l’altérité, dans l’ordre de la communication de «l’empire des signes». En tant qu’instance discursive, l’autrui apparaît comme création de langage. L’intersubjectivité foncière du langage est constatée par la philosophie linguistique, mais Eugen Coşeriu fait la distinction entre parler avec quelqu’un et parler de quelque chose à quelqu’un. Cette dissymétrie de l’action communicationnelle exprime, à notre avis, une double position discursive de l’altérité, suivant le rôle de sujet ou celui d’objet attribués à l’autrui au niveau du langage. Ainsi définit-on deux régimes discursifs de l’altérité, suivant une taxinomie proposée par Francis Jacques dans Dialogiques: le registre allocutif de l’altérité et le registre délocutif de l’altérité. L’allocutif est l’espace de Je et Tu (Buber), de la communication face-à-face où l’autre est perçu en tant que sujet de la communication, au niveau des actes (jeux) de langage. Le délocutif réduit la dimension discursive de l’autre au niveau d’objet, de Cela (Buber), le chemin vers l’altérité étant le discours «des autres hommes».