Abstract
Les rêves consignés par Ionesco dans ses journaux font la liaison entre deux plans de sa création française – le théâtre et les écrits intimes, pour créer la spécificité de ce qu’on appelle son théâtre autobiographique. Tous ses trois journaux contiennent des rêves, mais Journal en miettes est le journal des rêves par excellence, car à l’époque de sa rédaction Ionesco subissait une cure psychanalytique ; cela donne l’aspect par certains endroits de carnet de rêves, de carnet thérapeutique.
L’analyse portera sur les rêves consignés dans les journaux (sur tous les rêves, pas seulement sur ceux utilisés ensuite dans les pièces) à partir d’une double problématique. D’une part, il s’agit de rappeler les rapports qui existent entre le rêve et la fiction (fictionnel s’oppose au factuel, à quelle sorte de référence renvoient les rêves, quelle est la part d’autofiction). D’autre part, il importe de dégager, en prenant comme point de départ le livre de J.-D. Gollut, une possible poétique du rêve chez Ionesco, par l’analyse des traits stylistiques et narratifs de la mise en mots du rêve et des effets de la durée.