Abstract
L’hypothèse de départ de ce travail est que le jeu et ses règles régissent, d’une façon ou d’une autre, ne fût-ce qu’implicitement, toute activité humaine, surtout lorsqu’elle est liée à une pratique langagière. Le Droit, par les contraintes qu’il impose, par la rigidité et l’austérité de son langage et sa fonction pratique et punitive, semble loin de la gratuité et du bonheur que le jeu engendre. Néanmoins, on a déjà démontré que, dans les sociétés archaïques, l’acte juridictionnel s’accompagne, souvent, de la mise en scène de certains jeux.
On attribue au jeu une fonction sociale, grâce aux significations qu’il cache, aux liens qu’il établit dans les communautés, étant aussi une activité douée d’une forte dimension culturelle. C’est la prémisse qui nous permettra de montrer qu’en Droit, il y a pas mal d’aspects ludiques. Le caractère normatif, par exemple, n’est pas, à nos yeux, incompatible à la « poésie » du droit, qui se dégage de toute son organisation discursive, à partir des niveaux lexicaux, jusqu’aux aspects définitoires de l’énonciation juridique.