Abstract
Le je lyrique, l’élément fondamental dans l’entreprise poétique, a exploré, depuis l’Antiquité, les multiples dimensions de la passionalité de l’être humain, mais c’était surtout l’âge romantique qui a souligné fortement l’importance du je poétique et de ses facultés imaginatives et émotionnelles. Quand-même, le commencement du XXe siècle a profondément changé les bases épistémologiques de l’identité humaniste traditionnelle. On a appris à concevoir le sujet comme un produit du discours et pas comme une entité métaphysique indépendante de tout contexte. Peut-on, par conséquence, redéfinir les passions et les concevoir comme les résultats exclusifs des stratégies d’un discours qui a le pouvoir et la volonté de s’imposer sur son locuteur et de le marginaliser? Nous nous proposons ici d’analyser la nature de la relation du sujet avec son discours passionné dans quelques textes poétiques postmodernistes et d’étudier les mécanismes par lesquels le je poétique y semble disparaître au-delà d’un langage investi avec une autonomie déconcertante.