Abstract
Le Devoir de Violence de Yambo Ouologuem a rapidement suscité une controverse après sa parution en 1968, concernant les prétendus plagiats de l’auteur. Je soutiendrai que ces accusations reposent sur un manque de compréhension de la technique compositionnelle de Ouologuem, dont la ludicité est démontrée à la fois par les autres écrits de l’auteur et par ses interviews. La scène finale du roman contient la clé des emprunts situés autre part dans le texte.
Ouologuem obtient une synergie entre la technique d’écriture et l’idéologie du texte, en les plaçant ensemble sous le signe du jeu. Tout comme celui-ci, le travail de l’emprunt combine la liberté (du choix de textes) et la contrainte (des mots d’autrui). La violence et les jeux de pouvoir sous le colonialisme imposent une contrainte analogue aux personnages du roman, mais Yambo suggérera plutôt que cette contrainte s’impose à tous les hommes de tous les temps. L’universel du jeu évoque ainsi le poids de la politique sur l’individu, qui doit y combiner sa part de liberté.