Abstract
Trop, tel qu’il apparaît omniprésent dans le parler jeune actuel est-il en train de réinjecter de la passion dans le discours ? Il est en tout cas manifeste que l’on assiste à un renouvellement de ses potentialités syntaxiques et énonciatifs, comme un aboutissement de ce vieil adverbe, qui a tour a tour ou en même temps exprimé l’abondance, l’excès et l’intensité. Dans cette étude, nous reprenons, en les distinguant, les principales valeurs et constructions associées à trop, depuis la langue médiévale, pour les rapprocher de l’usage contemporain « jeune » caractérisé par une innovation considérable : pendant des siècles ce marqueur a principalement porté sur une partie du référent de l’énoncé (intensité d’une qualité, d’un procès quantifiable). Les nouveaux emplois l’associent en revanche presque exclusivement à l’attitude « passionnelle » du locuteur.