Abstract
Ogden et Richards soulignaient que dans un acte de communication, le message n’existe pas avant d’être codé ; De plus, le codage est un processus de création : le message s’auto-génère dans le processus de communication lui-même. En tant que tel, le terme « récepteur » devrait être remplacé par le terme « lecteur ». En d'autres termes, le « récepteur universel » se décompose en une multitude de lecteurs dont les lectures sont prédéterminées par la culture. La signification d'un signe n'est pas donnée à l'avance, elle naît à la suite de la rencontre entre le message et la charge culturelle (cultural loading) avec laquelle le lecteur accueille le message. En tant qu'homo significans, nous ne nous rapportons pas à des objets, mais à des « interprétants » (Peirce). Pour l'homme, le monde est un univers d’interprétants. Mais cela rend la manipulation possible par le biais de vérités partielles et de fausses nouvelles (fake news), c’est-à-dire par la dénaturation plausible de la réalité. L’acceptation d’une phrase comme vraie n’est pas liée à sa relation avec la réalité, mais plutôt à sa relation avec la charge culturelle du lecteur. Cet article décrit ce mécanisme de la sémiose qui rend possible l’exercice du pouvoir de quelques hommes sur d’autres hommes, grâce à la gestion de leurs représentations.