fr L’IRONIE DANS LE DISCOURS POPULISTE AU MAROC
  • Laghzioui,  Mostafa
    Université Moulay Ismail, Ecole Nationale Supérieure d’arts et métiers / Meknes, Maroc
Abstract

Using enunciative polyphony as a methodological framework, this paper will focus on irony in the populist discourse in Morocco. This discourse presents itself as a language form with specific features: it is polemical, strewn with pathos, scandalous and violent. It deals with ridiculing the adversary, scrutinizing his faults, his imperfections and making him a subject of laughter. In the corpus that we have collected (a corpus made up of oral speeches by Moroccan political party leaders uttered in various contexts), we have come across several forms of aggressiveness: direct, explicit attacks, such as insults, and others more subtle, implicit, which can be guessed through implications and presuppositions like irony.

            In the analysis that we intend to present, irony will certainly be treated as a linguistic device consisting in saying the opposite of what one thinks or of what one wants to make think, as put forward: Fontanier 1977, Dumarsais, 1967, Henri Morier 1989, but moreover, it will be analyzed taking into account its polyphonic dimension as conceived by O. Ducrot.

            In his treatment of irony, Ducrot began by making a fundamental distinction between speaker and enunciator. Then, he focused his approach on the localization of linguistic processes manifesting the plurality of voices in the same utterance. In this sense, the single subject (in our case the populist speaker-enunciator) who says I may not be responsible for what he utters. It is a game of voice, which this work will reveal, which can be disputed, confronted, diverged and converged in the same statement. Moreover, the saying and the said indeed embodies this relationship between the saying referring to the enunciation by the speaker of a message for which he is responsible, and the said referring to what is not directly taken care of by the speaker, but only communicated through utterance.

Abstract

Se donnant pour cadre méthodologique la polyphonie énonciative, cet article portera sur l’ironie dans le discours populiste au Maroc. Ce discours se présente en tant que forme langagière ayant des traits particuliers : il est polémique, jonché de pathos, scandaleux et violent. Il consiste à ridiculiser l’adversaire, scruter à la loupe ses défauts, ses imperfections et à faire de lui un sujet de rire. Dans le corpus que nous avons collecté, nous avons croisé plusieurs formes d’agressivité : des attaques directes, explicites, telle l'insulte, et d’autres plus subtiles, implicites, que l'on peut deviner par le biais d'implications et de présupposés comme l’ironie.

Le choix de notre corpus (des discours oraux de chefs de partis politiques marocains proférés dans des contextes divers : parlement, public hétérogène, devant des partisans, etc.) a été fait suite au privilège que ces chefs de partis ont dans la vitrine politique au Maroc. Ils constituent des bêtes médiatiques et leurs discours polémiques constituent une vraie matière à réflexion pour l’analyste de discours. Le corpus collecté a été transcrit, mais nous n’avons traduit que les énoncés ironiques indispensables à notre analyse

Dans l’analyse que nous comptons présenter, l’ironie sera certainement traitée en tant que procédé langagier consistant à dire le contraire de ce qu’on pense ou de ce qu’on veut faire penser comme l’avancent : Fontanier 1977, Dumarsais, 1967, Henri Morier 1989, mais de plus, elle sera analysée en tenant compte de sa dimension polyphonique telle que conçue par O. Ducrot.

Dans son traitement de l’ironie, Ducrot a commencé par faire une distinction fondamentale entre locuteur et énonciateur. Puis, il a axé son approche sur la localisation de procédés linguistiques manifestant la pluralité des voix dans un même énoncé. Dans ce sens, le sujet unique (dans notre cas le locuteur énonciateur populiste) qui dit  je peut ne pas être responsable de ce qu’il énonce. Il s’agit de je(u) de voix, que ce travail dévoilera, pouvant se disputer, se confronter, diverger et converger dans un même énoncé. D’ailleurs Le dire et le dit incarne bel et bien ce rapport entre le dire renvoyant à l’énonciation par le locuteur d’un message dont il est responsable, et le dit renvoyant à ce qui n’est pas directement pris en charge par le locuteur, mais seulement communiqué à travers l’énonciation.