fr HÉLAS, UN MOT POUR DIRE LE CONFINEMENT, LA CRISE ET LE PARTAGE
  • Käsper,  Marge
    Université de Tartu, Estonie
Abstract

L’article propose un moyen langagier particulier pour décrire les représentations discursives de ce qui fait l’ordinaire de la crise : c’est l’interjection hélas qui peut servir à repérer la présence continue de la crise dans les esprits et dires des gens. Tout en établissant un rapport affectif à la crise (regrets, douleur), l’énonciation de ce mot signale en effet d’emblée sa présence : la crise est évoquée comme préconstruite et présumée partagée (cf. Swiatkowska, 2006 ; Paveau, 2006 ; Pêcheux, 1975), de sorte que le discours devient une « activité rituelle dont l’enjeu est la confirmation et le maintien du tissu social » (Mastacan, 2020). L’examen d’un corpus relevé dans la presse (Le Monde, Le Figaro) et sur les médias sociaux (Twitter) dans la période de confinement en France (du 17 mars au 11 mai 2020) montre l’évolution des contextes d’évocations en fonction de la progression de la crise. Au fur et à mesure de l’évolution de la crise, les énoncés comportant un hélas indiquent des faits de la société à signaler, et les regrets se référant à des actions concrètes dans le passé donnent lieu aussi à des regrets concernant les scénarios de futur. Dans la syntaxe, les virgules et autres signes de ponctuation contribuent à distinguer ces différentes fonctions de l’évocation du mot hélas (cf. Halté, 2020).

This work was supported by the Estonian Research Council grant PRG934 “Imagining Crisis Ordinariness: Discourse, Literature, Image”.