fr LA TROISIEME CULTURE ET LA POSSIBILITE D’UNE COMMUNICATION INTERCULTURELLE AUTHENTIQUE ; POUR UNE POSSIBLE THEORIE DE LA TOLERANCE INTERCULTURELLE
  • Borţun,  Dumitru
    Faculté de Communication et Relations Publiques, SNSPA – Bucarest
Abstract
Le lien entre la communication interindividuelle et celle interculturelle devient évident au moment où l’on comprend la culture dans le paradigme de l’anthropologie culturelle – par exemple, telle qu’elle est définie par E. B. Tylor, T. Parsons ou Chombart de Lauwe. Dans l’étude introductive au volume Images de la culture, intitulée « Systèmes de valeurs et aspirations culturelles », Paul-Henry Chombart de Lauwe classifie les approches de la culture comme il suit: 1) la culture en tant que développement de la personne dans la société, 2) les cultures propres à des sociétés et milieux sociaux particuliers et 3) le problème du développement d’une culture universelle. Il est évident que, de toutes les trois approches, c’est seulement la deuxième qui ne présuppose pas une évaluation préalable et qui ne conduit nécessairement à la hiérarchisation des cultures (des sociétés, des groupes ou des individus). C’est cette approche qui sera le référentiel privilégié de cet essai, car elle correspond le mieux à ses objectifs. Dans le cadre de l’approche (2) s’inscrivent, par prédilection, les culturologues anglo-saxons. Ainsi, E. B.Tylor comprenait par culture « tout le complexe qui englobe la connaissance, la foi, l’art, la morale, le droit, les mœurs et toutes les autres possibilités et pratiques acquises par l’homme en tant que membre d’une société ». Un autre anthropologue célèbre, fondateur d’école, F. Boas, le complète : « les produits de l’activité des communautés humaines déterminées par leurs pratiques ». L’acception la plus répandue (et la plus adéquate à mon but) est donnée par T. Parsons, pour qui la culture est « une organisation de sentiments, de convictions », représentant « les valeurs communes qui sont essentielles à un système d’action propre à une société ». Tout ce que fait Parsons c’est d’opérationnaliser, dans le paradigme de l’actionnalisme, ce qui Max Weber avait dit : « Le concept de culture est un concept de valeur », dans le sens d’un lien étroit des valeurs et des symboles avec les transformations matérielles qu’ils produisent ou dont ils sont les conséquences. Dans cet essai, je me propose de continuer cette opérationnalisation en introduisant les concepts de technique de problématisation, paradigme culturel et référentiel culturel. En insistant sur le rôle d’infrastructure génératrice des aspirations et des systèmes de valeurs, Chombart de Lauwe considère « qu’une culture est marquée par une série de modèles, d’images - guides, de représentations auxquelles les membres d’une société se rapportent dans leurs conduites, dans leur travail, dans leurs rôles et dans leurs relations sociales ». Il souligne le fait que les techniques, l’organisation de l’espace, la production et le travail ou la consommation[1] ont une importance similaire. De cette perspective, tout individu apparaît en tant que porteur d’une culture (sous-culture, sous sous-culture etc.), et la communication interindividuelle – en tant que communication interculturelle. C’est pourquoi le problème de la tolérance entre les individus et les groupes devient un problème de communication efficace et de compréhension mutuelle entre les cultures. Mes recherches destinées à surmonter les barrières de la communication interculturelle visent pas seulement la communication institutionnelle (entre les gouvernements et les organisations nationales), mais aussi la communication entre des communautés culturelles bien déterminées, ayant une identité bien définie (entre des communautés linguistiques, ethniques, religieuses) : elles concernent tout acte de communication, y compris celle professionnelle internationale (où les barrières dans la communication entre les cultures nationales se trouvent dans le premier plan).


[1] Pour moi, l’acception ci-dessus est la plus convenable, puisqu’elle me permet d’aborder les idéologies (y compris le nationalisme) en tant que formes des cultures, ce qui facilite sur le plan méthodologique la désidéologisation de l’analyse des idéologies. Le fait d’analyser ou interpréter une idéologie seulement en tant qu’idéologie nous condamne à utiliser des instruments de la même nature idéologique. Toute approche non culturologique d’une idéologie est fatalement paradigmatique, c’est-à-dire, idéologique. L’approche sur le même plan (idéologique) devient circulaire; elle n’ouvrirait pas la voie de la communication, mais offrirait aux idéologues dogmatiques de nouveaux « arguments » et de nouvelles occasions de confrontation. En échange, l’approche culturologique favorise une décentration bénéfique à la vision, en faisant possible un langage neutre par rapport aux langages des idéologies concurrentes de nos jours.