fr LE JEU CHEZ PANAIT ISTRATI
  • Veleanu,  Corina
    UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LYON
Abstract
Le jeu, tel qu’il est présent dans l’œuvre de Panait Istrati, prend plusieurs formes : des jeux de mots, de jeux de hasard, le jeu au sens de « joc » roumain, signifiant danse populaire et par extension fête, le jeu du hasard auquel Istrati fait si souvent référence, le jeu de la vie et de la mort qui sous-tend les aventures décrites dans ses récits comme un cycle vie-mort-vie. Il est intéressant de remarquer quelques lieux communs avec non seulement d’autres ouvrages littéraires mais aussi avec d’autres croyances, pratiques et archétypes, ce qui fait des romans de Panait Istrati de véritables pièces de littérature universelle. D’après le Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, « le jeu est fondamentalement un symbole de lutte » qui ressemble à la vie réelle mais a lieu dans un cadre déterminée d’avance . Chez Istrati, cette lutte est menée par ses personnages contre plusieurs adversaires. Pour Stavro, c’est la lutte contre soi-même et contre son homosexualité; pour oncle Anghel, il s’agit de vivre malgré le déchaînement de la vie contre lui (l’incendie qui brûla sa maison, son mariage raté, son cambriolage, sa maladie et sa solitude); pour Kyra Kyralina et sa mère, c’est une résistance contre les forces hostiles représentées par la violence et la haine du père-mari et du frère-fils aîné; pour Panait Istrati lui-même, c’est la confrontation entre la force de la vie et la mort, lorsque, ce qui lui sauve la vie, c’est son don de conteur et d’écrivain qui lui font rencontrer Romain Rolland, son mentor. Prenant la vie au sérieux, Panait Istrati sait la regarder avec un certain amusement, comme de loin et comme un jeu, et cela dans les moments les plus éprouvants de son existence.